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Faire son chemin, tracer sa route

29 Nov

Tu penses, souvent à tort, que ta route est déjà tracée.

Un jour, tu crois apercevoir une grande et belle autoroute,

le lendemain il ne s’agit plus que d’un petit chemin de traverse, boueux et semé d’embuches…

La seule chose à faire, c’est continuer d’avancer en fixant bien droit l’horizon…

et si tu penses être dans une impasse, trace ta route, quitte à faire un petit détour, ne te laisse pas t’enliser.

Quand j’étais étudiante, ce n’est pas si vieux, je me souviens d’un cours suivi en première année : « Leading Change ». Pour comprendre le processus d’acceptation du changement on avait eu droit à un joli petit graphique dont je me souviens encore…

Pour faire court :la maladie, c’est comme un business, un deuil, une mutation ou pire encore, une révision du scénario original de Star Wars!

Il faut apprendre à gérer les changements qui nous sont imposés, pour cela on passe par ces 5 fameuses étapes:

-1 Déni : « Qu’est ce que vous me racontez là? On en meurt de ce truc? Non! Bon bah alors! Voyez comme je vais bien… la preuve regardez je suis (presque) guérie ! Lundi je suis au bureau ! « Ou plus quotidiennement encore quand ma mère m’appelle: « -Allo ma fille comment tu vas aujourd’hui ? – ça vaaaaa! » (grillée)

-2 Colère  « What the fuck?! » Fait ch***! Et pis pourquoi ça tombe sur moi un truc pareil? (en pensant bien sûr que ça n’arrive qu’aux autres). J’ai rien demandé moi ! (ba voyons, c’est vrai qu’il doit y avoir sur terre des milliers de gens qui prient chaque jour pour tomber malade hein?) – Quoi? Qu’est ce que t’as à me regarder comme ça? Tu veux qu’on échange nos places? Tu veux souffrir le martyr à ma place? Bordel! J’en ai marre!…Dans cette phase là nos proches doivent être avertis : on est à prendre avec des pincettes !

-3 Négociation Euh…siouplait Doc, vous êtes sûr que vous ne vous êtes pas planté? Non? Bon alors vous êtes sûr que je doive prendre tous ces médocs? Et si je prend double dose, il y aurait pas moyen de guérir deux fois plus vite? Ou sinon je me demandais….il n’y a pas moyen non plus que ce soit un truc purement psychosomatique (bah quoi? on chope bien des ulcères à cause du stress!)…parce que si c’est que ça je file voir un psy et hop! on en parle plus! Non? Bon ba si j’arrête le coca, la clope, le chocolat? ça peut pas venir de ça plutôt? Non? L’alcool alors? non plus!

-4 DépressionCelle là c’est la pire, on chiale pour tout et n’importe quoi, même devant un Disney…comme on s’est toujours connue très souriante et dynamique, on a du mal a accepter qu’on puisse être tombée aussi bas. On apprécie vraiment toutes les petites attentions de notre entourage, mais il n’empêche qu’on s’enferme tout en haut d’un donjon, en ayant pris grand soin de creuser des douves infranchissables autour de soi…Que pourrais je leur dire de toutes façon? Que rien n’a évolué depuis la dernière fois? Exit la télé, l’ordi, et mon iPhone si cher à mon cœur, il est éteint depuis des semaines, je sais même plus où je l’ai rangé. Quand j’en ai parlé au doc, j’ai soudain compris pourquoi il avait toujours une boîte de Kleenex qui trônait sur son bureau… »dépression réactionnelle…tout à fait normal…je m’inquièterai plutôt si vous ne réagissiez pas de la sorte » – Moi ? une dépression? appellez ça une petite déprime passagère si vous voulez, et même, me connaissant, jamais de la vie : retour à l’étape 1!

-5 Acceptation Je commence certains jours à l’entrevoir celle-ci…donc je commence à faire « mon chemin », c’est plutôt bon signe. Je me dis qu’il y a bien pire dans le monde, que je respire, que je suis vivante, et qu’au final c’est peut être une chance de repartir du bon pied. Je me remet à penser à tous mes projets oubliés, me fixe des objectifs clairs et fixés dans le temps: j’ai décidé d’avancer quoi qu’il m’en coûte. Je vais ressortir plus forte encore de cette mauvaise passe….et mieux encore je suis prête à quitter l’autoroute du malheur et à emprunter le petit sentier tortueux de la rémission !

Dans tout ce processus, on passe normalement les étapes une par une, moi je les ai toutes mélangées: un gloubi-boulga de reconstruction personnelle…Et il y a bien sûr des erreurs à ne pas commettre : je suis bien placée pour en parler car je les ai toutes commises 🙂

– Erreur n°1 :  Ne pas refuser à entrer dans ce processus d’acceptation, ne pas brûler les étapes non plus…avant de courir il faut savoir marcher: alors dépêches toi d’apprendre à marcher

-Erreur n°2 : Se renfermer sur soi, au lieu de s’entourer de personnes qui ne demandent que t’aider à avancer : réponds au téléphone, acceptes qu’on t’aide tu vas pas en mourir (facile à dire je sais, moi perso j’ai encore du mal avec ça)!

-Erreur n°3 Ne plus oser se projeter dans l’avenir : au contraire mieux vaut en établir une vision claire (néanmoins pragmatique) et la communiquer à son entourage (c’est ce que je suis en train de faire non?) afin de fédérer tous les efforts dans la même direction. En bref se fixer des objectifs réalisables.

-Erreur n°4 Ne pas permettre à votre entourage d’agir sur cette vision: on a pas toujours raison (même moi), et si ils vous disent tous d’y aller molo, ils savent sans doute pourquoi: avoir des projets c’est bien, mais bon le Triathlon c’est pas encore pour tout de suite…De ce fait on évite plus facilement de se décourager ( là maintenant c’est clair: ce sont vraiment les plus mal placés qui donnent les meilleurs conseils: je suis mal placée pour dire ça: donc c’est un bon conseil ! )

-Erreur n°5 Négliger les autres approches. Ce n’est pas parce qu’on l’on est malade, et dans notre cas diminué physiquement, que la vie s’arrête… Du point de vue médical il y a multitudes d’autres ressources à explorer pour aller mieux: l’alimentation, la kiné, la sophrologie, le yoga….et même les rebouteux si ça peut vous aider à aller mieux. Au quotidien, il s’agit de faire avec ce qu’on a: t’as mal mais tant que tu as assez de souffle pour crier, c’est que tu respires encore 🙂


Mon chéri, mon autonomie

22 Nov

Chéri et moi on est ensemble depuis 10 ans, on a toujours eu tellement de projets qu’il fallait beaucoup travailler pour les réaliser.

Rester à Paris après la fin de mon stage de fin d’études relevait d’un objectif simple : taper dans la bute, on se reposerait « après ».

En plus de mon emploi, je travaillais avec lui les week-ends à la pâtisserie depuis deux ans avant de tomber malade. Beaucoup m’auront dit que ce rythme 7/7 trop soutenu a contribué à l’apparition de la maladie, je reste sceptique là dessus, car j’étais dynamique et bien dans mes baskets…j’aimais ça et je ne me voyais sincèrement pas vivre autrement.

Quand il s’est agit de prendre au sérieux ce qu’il m’arrivait, il a d’abord lâché du leste à son travail pour s’occuper de moi, puis une fois le diagnostic tombé et le traitement amorcé, il s’est mis à redoubler d’heures pour combler le manque à gagner.

Au fur et à mesures que je perdais mon autonomie, cela lui semblait tout naturel de m’aider à m’habiller, à faire mes lacets, me déplacer (et j’en passe…) je n’avais de cesse de le remercier, de prendre toujours soin de ne pas omettre le « s’il te plait », mais au fond de moi j’étais révoltée.

Je ne voulais clairement pas être un fardeau pour lui, vu les heures qu’il fait, il a aussi besoin de se reposer.

Se faire réveiller en pleine nuit par mes pleurs alors qu’il embauche à 4 heures, être impuissant face à mes douleurs…il aura tout essayé, mais je le voyais de plus en plus désemparé.

Pas évident pour lui, et je suis sûre que s’il avait pu, il aurait pris mes douleurs.

J’essaie par moments de lui laisser un peu de répit en rentrant dans ma famille, et malgré tout mes « je suis désolée « s’il te plait » « merci », je suis convaincue qu’avec toutes ces épreuves, notre amour en sortira grandi <3<3<3  « 

à deux on est indestructibles dixit lui

Dans mon malheur, j’ai trouvé la clé du bonheur : je t’aime mon cœur !